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Jean Gabriel DOMERGUE à travers la Mode

Malgré sa formation classique, Jean-Gabriel Domergue ne peut s’empêcher d’être sensible aux bouleversements de son époque et à la mode qu’elle suscite. En effet la sensibilité des artistes, leur recherche du « Beau », les confrontent mieux que quiconque avec tout ce qui les entoure. C’est donc tout naturellement qu’ils sentent plus tôt que les autres ce qui est, ou deviendra la mode.

Après la première guerre mondiale, les années 1920 s’amusent au rythme du jazz et du charleston et découvrent la vitesse avec l’automobile. Les « années folles » (1919-1929) font alors place à la modernité et à l’émancipation de la femme.

A cette époque, Paul Poiret  règne sur la mode parisienne et sur la société qu’il habille : on lui doit d’avoir libéré la femme du corset et d’avoir crée des formes souples et naturelles. On constate un fort contraste entre la tenue de jour à la garçonne et la tenue de soirée ultra féminine tout en lamé et broderies précieuses.
Jean-Gabriel Domergue reste le plus représentatif de nos peintres de mode. Il est l’observateur fidèle et sensible des caprices de la parure féminine, mais dans quelle dépendance par rapport à la réalité quotidienne fait-il varier sa fantaisie ?
Il est bien évident que les élégantes en robe à panier aux couleurs éclatantes ne représentent pas la mode exacte des années vingt. Cependant, les femmes de l’époque sont charmées d’être vues avec un tel romantisme, insensiblement elles désirent se rapprocher du modèle.
Pour JGD, ce qui importe avant tout, c’est que les lignes de la femme soient respectées. « Tant que le couturier veut bien admettre que la femme a un corps, que la robe est faite pour le corps, et non le corps pour la robe, la mode est belle et tout va bien . Il faut que l’on devine la forme de la femme sous l’étoffe, qu’on la sente évoluer avec liberté, ce qui fait la beauté des lignes, leur ampleur, leur grâce, c’est le mouvement. Il donne la vie, anime la femme, lui et non l’immobilité. A cet égard j’aime la mode qui non seulement laisse au corps de la femme sa souplesse, mais l’exige. »

Bien souvent les femmes que peint Domergue sont vêtues d’un fourreau dont le bustier est l’aboutissement logique. Il moule un corps impeccable et le « chic » avec lequel il est porté empêche toute indécence.     

 

 

 

 

 

Le bustier est une adaptation audacieuse, surtout en 1921, à la mode moderne des décolletés osés du XVIIIème,  époque à laquelle Watteau et Fragonard étaient eux-mêmes les grands arbitres de l’évolution féminine, lançant la mode (photo p68). Il permet de souligner les attributs les plus féminins sans vulgarité. De plus, il permet à Domergue de mettre en valeur la ligne d’épaules et celle du cou qui paraît alors plus longue comme il l’affectionne.       

 

 

 

Des similitudes permettent de constater l’impact de ses innovations unissant profondément l’art et la mode. L’art de Domergue a bel et bien une influence sur la mode de son époque  puisque le fourreau à volants sera à la mode en 1935.

A l’instar du buste, Domergue aime à souligner les lignes gracieuses des mains et des bras par le port de gants qui font alors office de « fourreaux de bras » et mettent également le bustier en valeur .                

En effet, les portraits peints par Domergue accordent une place très importante aux accessoires dont l’artiste sait user avec goût pour mieux sublimer le corps de la femme.

Régulièrement, Domergue adoucit la ligne un peu stricte du fourreau par l’utilisation de l’ombrelle. Cet accessoire permet les attitudes les plus charmantes et Domergue va jusqu’à organiser un bal en 1923 pour en relancer la mode ! Il fera de même avec les éventails qu’il aime noirs et en plumes d’autruche.
En outre, le recours à l’ombrelle permet un subtil jeu de lumière, du fait de sa transparence au soleil, qui valorise le visage.                    

Si l’on s’attarde sur les visages, on  peut constater une grande attention portée aux coiffures, et à la chevelure en général, qui devient une véritable arme de séduction.
Bien souvent, Domergue affuble ses modèles d’un « bibi », ou petit chapeau à voilette ou à plumes, qui leur barre le front et met l’ondulation de leur chevelure en valeur.

L’art du chapeau est une mode assez récente : détaché du costume par ses bords saillants et sa ligne capricieuse, il date de Marie-Antoinette et de sa fameuse modiste madame Bertin. Puis c’est sous Louis-Philippe (1830-1848) que les encombrants chapeaux de dames sont remplacés par des « bibis » microscopiques.
A travers l’emploi de chapeaux, Domergue montre, en plus de ses talents de peintre,  ses talents de créateur car les « bibis » que portent ses modèles ne sont pas n’importe lesquels : en effet, Domergue les confectionne lui-même et adapte sa création à l’image qu’il souhaite transmettre de son modèle.                  

 
     
   


En outre, Domergue  affirme un goût sensuel pour les étoffes. Tissus d’or et d’argent, étoffes somptueuses qui brillent, qui chatoient, qui se plient en produisant mille reflets et mille miroitement : c’est la Chine, l’Orient, l’Italie, l’Espagne et toute la Route de la Soie qui sont à nouveau glorifiés.

JGD l’a vite compris, l’élégance, le raffinement et la somptuosité des costumes de ses modèles parachèvent l’être de rêve qu’il a crée. La « révélation » JGD séduit un vaste public. Les créateurs de mode ne s’y trompent pas, trouvant là une ouverture nouvelle à leur imagination : leurs clientes veulent ressembler à un « Domergue ».

                           

Jean Gabriel DOMERGUE se peint avec sa femme, modèle d’élégance, se promenant avec leurs lévriers ,  avenue Foch.